Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes viendra chercher les réponses demain soir à la même heure. C’est convenu ?

— Bien, répondit la jeune fille avec docilité, je ne bougerai pas d’ici.

— À propos, reprit l’étrange personnage, je me suis procuré un cochon pour votre père. On vous l’apportera vendredi, parfaitement occis et salé.

Elle le remercia et lui remit à son tour un paquet ficelé d’avance :

— Vos provisions, dit-elle. Je les ai préparées moi-même.

— Oh ! ce n’est pas de refus, reprit-il, en enfermant l’objet dans sa musette. Je vais entamer ça au Lion Belge. La route a été longue et je meurs de faim.

En ce moment, la voix de Vergust se fit entendre dans l’antichambre.

— Eh bien, fille, qu’est-ce que vous chipotez encore par là ? On mange, savez-vous !

L’homme sourit, sachant que le prudent tripier était depuis longtemps aux écoutes, mais se garderait bien de paraître.

— Je me sauve, Mademoiselle ; jusqu’au revoir !

Il remarquait son air soucieux, ses yeux humides :

— Au moins, vous ne regrettez pas ?

Elle rougit et alla ouvrir la porte principale :

— Soyez bon pour lui, dit-elle avec embarras. Il est encore si…

— Compris, ma chère enfant, fit-il avec une cordialité joviale. Allons, point de mélancolie.