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dévouer à ses vieux parents. Et puis, elle chérissait maintenant ce petit garçon imprévu qu’elle prétendait élever, adopter à son tour comme avaient fait les bons quincailliers avec l’enfant trouvé.

Il ne semblait pas du reste que Lust et sa femme prissent le moindre ombrage de cette tendresse accapareuse ; ils en paraissaient même extrêmement heureux et n’en témoignaient que plus d’attachement et de déférence à la jeune fille. À leurs yeux, le bonheur de l’enfant passait avant tout, et quand même il dût être acheté au prix de l’effacement de leur propre tendresse. Aussi n’avaient-ils fait aucune objection lorsque la jeune nurse, sous prétexte que le nouveau bâtiment d’arrière-corps ou logeaient les bons serviteurs était encore humide et malsain, s’était avisée d’installer le marmot dans sa chambre.

Les Claes lui avaient bien adressé quelques timides représentations sur cette fantaisie, qui devait l’exposer à tant d’embarras et de fatigues :

— Prends garde, Fille. Tu ne sais pas ce que tu vas entreprendre… Les petits ne sont pas toujours commodes surtout pendant la nuit…

Mais elle ne s’était pas laissé convaincre ; la santé de l’enfant exigeait ce petit sacrifice qui n’aurait du reste rien de pénible avec un bébé d’aussi bonne composition. Et les vieilles gens, qui s’attachaient de plus en plus au petit garçon, avaient fini par approuver leur nièce dont la vaillance pleine d’initiative ajoutait une sorte d’admiration à la grande tendresse qu’elle leur avait tout de suite inspirée.