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la part d’influence des causes accidentelles et fortuites peut se combiner en proportions variables avec la part d’influence des causes constantes et solidaires. Si donc nous sommes forcés, par la nature de nos méthodes, d’établir partout des circonscriptions et des groupes, nous pourrons diriger ce travail de manière à nous rapprocher le plus possible des conditions d’une distribution naturelle ; mais il y aura des groupes moins naturels que d’autres ; et l’expression des rapports naturels se trouvera inévitablement compliquée de liens artificiels, introduits pour satisfaire aux exigences de la méthode.

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Il n’est pas nécessaire que les objets individuels soient en grand nombre, pour que des groupes naturels se dessinent. Il a suffi de la découverte de quelques nouvelles planètes pour suggérer l’idée de la distribution des planètes en trois groupes ou étages : un groupe ou étage moyen, parfaitement marqué, comprenant les planètes télescopiques que rapprochent à la fois leurs caractères physiques, la petitesse de leurs masses et la presque égalité des grands axes de leurs orbites (43) ; un étage inférieur formé de notre terre et des trois planètes qui, pour les dimensions et la vitesse de rotation diurne, sont comparables à la terre ; enfin un étage supérieur comprenant maintenant quatre planètes, dont l’une, la plus éloignée, est encore trop peu connue, mais dont les trois autres se ressemblent beaucoup par la grosseur de leur masse, la rapidité de leur rotation et leur cortège de satellites. De même, dès que le nombre des radicaux chimiques s’est accru, on a vu se dessiner parmi eux des groupes très-naturels, quoique peu nombreux en individus, tels que le groupe qui comprend les radicaux de la potasse et de la soude, ou tels encore que celui qui comprend le chlore et ses analogues ; tandis que d’autres radicaux restent isolés ou ne peuvent être rapprochés les uns des autres que par des caractères arbitrairement choisis, selon le système artificiel de classification.

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Les types génériques et les classifications des naturalistes donnent lieu à des remarques parfaitement analogues. Un genre est naturel, lorsque les espèces du genre ont tant de ressemblances entre elles, et par comparaison différent tellement des espèces qui appartiennent aux genres