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ni l’harmonie des parties ; elle n’amènerait aucun surcroît de complication ; et la raison, n’ayant aucun motif de préférence entre deux ordres d’une symétrie si parfaite, ne pourrait s’appuyer sur aucune induction pour croire ou pour ne pas croire à l’hypothèse d’une réflexion, ou d’un nombre impair de réflexions, d’où résulterait l’inversion des rapports géométriques. Il faudrait, pour que la question cessât d’être à tout jamais problématique, que des observations d’une autre nature, fondées sur d’autres propriétés de la lumière, nous apprissent à distinguer par certains caractères les rayons directs d’avec les rayons réfléchis, et ceux qui n’ont subi qu’un certain nombre de réflexions d’avec ceux qui en ont subi un nombre plus grand. De là un nouveau critère dont effectivement les progrès de l’optique nous ont mis en possession, mais dont l’acquisition récente sert à mieux faire ressortir l’insuffisance d’un autre critère pour discerner l’image de l’objet réel, bien que ce critère suffise déjà pour décider que nous avons devant nous, sinon l’objet réel, au moins une image régulière et non fantastique.

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C’est ainsi, pour revenir encore à notre premier exemple, qu’après avoir dégagé l’observation du mouvement diurne des étoiles de la cause de trouble et de complication qui résulte de l’interposition des couches de l’atmosphère, nous ne doutons pas que les étoiles ne soient rapportées par nous à leurs véritables lieux optiques ; et nous ne craignons nullement qu’il reste dans la structure de l’œil ou dans la constitution du sensorium un vice qui fausse toutes les mesures des distances angulaires, au point que la simplicité des lois du mouvement diurne ne serait que le fruit d’une illusion fantastique. Mais, d’un autre côté, le phénomène de la rotation diurne de la sphère céleste conserve les mêmes caractères de régularité et de simplicité géométrique, soit qu’on l’explique par la rotation du système entier des astres, ou par une rotation en sens inverse imprimée au système entier des objets terrestres. De là une ambiguïté comme celle dont nous parlions tout à l’heure, pour la solution de laquelle il faut le secours de connaissances nouvelles sur la constitution physique des objets célestes, connaissances qui fournissent à la raison d’autres analogies et d’autres inductions. À la faveur de ces connaissances nouvelles, non-seulement la question relative