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Après semblables pensers, leurs songes, ainsi qu’on peut croire, furent d’amour et de baisers, et ce qu’ils n’avoient point fait le jour, ils le faisoient lors en songeant, couchés nue à nu. Dès le fin matin donc ils se levèrent plus épris encore que devant, et chassant avec le sifflet leurs bêtes aux champs, leur tardoit qu’ils ne se trouvoient pour répéter leurs baisers, et de si loin qu’ils se virent, coururent en souriant l’un vers l’autre, puis s’entre-baisèrent, puis s’entre-accolèrent ; mais le troisième point ne pouvoit venir ; car Daphnis n’osoit en parler, ni ne vouloit Chloé commencer, jusqu’à ce que l’aventure les conduisit à ce faire en cette manière.

Ils étoient sous le chêne assis l’un près de l’autre, et ayant goûté du plaisir de baiser, ne se pouvoient saouler de cette volupté. L’embrassement suivoit quant et quant pour baiser plus serré, et en ce point comme Daphnis tira sa prise un peu trop fort, Chloé sans y penser se coucha