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Le lendemain feignant d’aller voir sa voisine qui travailloit d’enfant, elle vient droit au chêne sous lequel étoit Daphnis avec Chloé, et contrefaisant la marrie troublée : « Hélas ! mon ami, dit-elle, Daphnis, je te prie, aide-moi. De mes vingt oisons, voilà un aigle qui m’en emporte le plus beau. Mais parcequ’il est trop pesant, l’aigle ne l’a pu enlever jusque sur cette roche là haut, où est son aire, ains est allé cheoir avec au fond du vallon, dedans ce bois ici : et pour ce, je te prie, mon Daphnis, viens y avec moi, car toute seule j’ai peur, et m’aide à le recourir. Ne veuille souffrir que mon compte demeure imparfait. A l’aventure pourras-tu bien tuer l’aigle même, qui ainsi ne ravira plus vos agneaux ni vos chevreaux ; et Chloé ce temps pendant gardera vos deux troupeaux. Tes chèvres la connoissent aussi bien comme toi ; car vous êtes toujours ensemble. »

Daphnis, ne se doutant de rien, se leva