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d’ailleurs que des objets rares ou précieux offerts en présent donnent une idée incomplète de la production des deux pays.

VI

Les missions dont j’ai parlé jusqu’ici, missions diplomatiques pourrait-on dire, n’étaient pas les seules. D’après la convention de 1609 (art. 5), le seigneur de Tsousima avait le droit d’envoyer tous les ans vingt jonques munies de passes avec des représentants commerciaux, et d’exporter cent kokou de riz et fèves : c’était une situation moins favorable qu’avant la guerre. Les trois premières jonques portaient chacune un envoyé spécial, deux capitaines, un subrécargue et d’autres officiers ; les suivantes avaient un personnel réduit. L’équipage se composait de quarante hommes ; mais les trois premières jonques (jonques des envoyés spéciaux) et celle de l’envoyé spécial supplémentaire (je parlerai plus bas de cet envoyé) étaient accompagnées chacune d’une jonque annexe (30 hommes d’équipage) et d’une jonque pour l’eau et le bois (20 hommes d’équipage) ; la jonque annuelle première avait une jonque pour l’eau et le bois (15 hommes). Le gouvernement coréen se plaignit en vain de ces infractions fort coûteuses, puisqu’il fournissait des vivres aux envoyés, à leurs officiers et aux équipages. Mais les Japonais persistèrent et la Cour finit par céder ; elle n’admit pourtant jamais les cinq jonques pour l’eau et le bois. La durée de séjour des missions commerciales était limitée à cent dix jours pour les jonques des envoyés spéciaux titulaires et supplémentaire, à quatre-vingt-cinq jours pour les autres jonques[1]. Pour les banquets et les diverses cérémonies, les envoyés spéciaux étaient traités comme les envoyés diplomatiques de 1re classe (tai tchài oa), les autres envoyés commerciaux étaient assimilés aux envoyés diplomatiques de 2e classe (tchài oa). La remise des présents officiels donnait lieu à une cérémonie ; les autorités coréennes et japonaises se réunissaient à la concession japonaise dans la salle des banquets ; après les saluts rituels, les présents étaient examinés par les officiers coréens et portés par leurs soins dans la salle royale ; après quoi, les envoyés japonais se rendaient devant la même salle et saluaient la tablette du roi (voir p. 13).

Le gouvernement coréen admit peu à peu au commerce annuel onze autres jonques appartenant en réalité ou nominalement à des sujets du seigneur de Tsousima.

1o Jonque de l’envoyé spécial supplémentaire. En 1611, Tahira no Yanagawa Kagénaho, en raison des services rendus pour rétablir la paix, reçut un sceau coréen avec l’autorisation d’envoyer une jonque par an ; ses envoyés étaient entretenus par le gouvernement. Après la condamnation de son fils Tsougouoki dans les circonstances rappelées plus haut (p. 13), le seigneur de l’île, Yosinari, obtint de substituer à cette mission privée un envoyé spécial supplémentaire (40 hommes d’équipage ; jonque annexe, 30 hommes ; jonque pour l’eau et le bois, 20 hommes).

2o Envoyé muni d’un sceau du Man-chô-in (Man-syong-ouen). Ce temple situé à Tsousima était consacré à la tablette de Sô Yositosi, le seigneur de

  1. Jusqu’en 1628, la durée de séjour des envoyés commerciaux ordinaires était seulement de 50 jours.