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LA POLITIQUE DU JAPON AU DÉBUT DE LA GUERRE EUROPÉENNE.

région comme pour les conseillers ou instructeurs militaires, financiers de police, d’administration qui pourraient être engagés. — Pour la Mongolie orientale, les entreprises mixtes (sino-japonaises) industrielles et commerciales seront autorisées ; de nouvelles localités seront ouvertes au commerce ; en cas d’emprunts à contracter, la Chine s’adressera d’abord au Japon[1]. L’Empire Japonais s’est ainsi assuré à ses portes une vaste colonie d’exploitation et de peuplement.

Extension non méprisable, en Mongolie, en Mantchourie, au Chan-tong du domaine extérieur du Tennô, avantages économiques, garanties politiques nouvelles acquises en Chine avec de nouveaux moyens d’action, expulsion d’un pouvoir rival aussi dangereux et remuant sur le terrain politique que dans les luttes économiques. manifestation de sa puissance et accroissement de son prestige aux yeux de l’Europe comme des plus proches voisins : tels sont les résultats positifs acquis en moins d’une année par le Japon, seul gagnant jusqu’ici dans la conflagration universelle. L’Extrême-Orient sent moins fort la main que l’Europe a appesantie sur lui depuis soixante-dix-ans ; pour la première fois depuis 1842, il règle ses affaires presque sans intervention occidentale. Des tendances s’affirment, inégalement heureuses : la Chine accepte volontiers l’aide des États-Unis et, ulcérée de la politique japonaise, se prête complaisamment aux influences allemandes. L’alliance anglo-japonaise renforcée, le rapprochement marqué avec la Russie dessinent un nouveau groupement asiatique, une autre Triple-Entente, garante. en Extrême-Orient de la paix et du statu quo.

Maurice Courant.
  1. Japan Mail, 11 octobre 1913, p. V ; 25 octobre, p. 514, 516 ; 1er novembre, p. 549 ; 13 décembre, p. 743 ; 21 février 1914, p. 220 ; 7 mars, p. 280. — North China Herald, 15 mai 1915, p. 486. L’Asie française, 1915, p. 84.