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LA POLITIQUE DU JAPON AU DÉBUT DE LA GUERRE EUROPÉENNE.

Dans les délais fixés, de bonne heure le 9 mai, le gouvernement chinois remit à la légation du Japon une note d’acceptation dont les termes avaient été préalablement convenus ; la convention fut signée le 25 mai à Péking, les ratifications furent échangées dans les deux capitales le 8 juin. Deux groupes d’articles ont trait à Kyao-teheou et au Chan-tong ; ils règlent les conditions où se trouvera le Japon substitué à l’Allemagne. Pour le Chan-tong, la Chine ratifie d’avance les arrangements à conclure par les deux belligérants au sujet des droits et concessions obtenus auparavant par l’Allemagne ; elle s’engage à ne céder désormais ni donner à bail aucune partie de la province, créant ainsi une sorte d’hypothèque qui ne figurait pas à l’arrangement primitif sino-allemand. Deux articles économiques (chemins de fer, ports à ouvrir) complètent ce groupe. Si le Japon obtient au traité de paix la libre disposition de Kyao-tcheou, il restituera ce territoire à condition que toute la baie soit ouverte au commerce, qu’une concession japonaise soit établie dans une localité choisie par le Japon et qu’une concession internationale soit établie si les Puissances le demandent ; par là, le gouvernement de Tôkyô garde une situation privilégiée, mais fait aux étrangers une part plus large que sous le régime allemand. Par un article isolé, la Chine promet, en raison des relations fréquentes du Fou-kyen avec Formose, de n’autoriser aucune Puissance autre que le Japon à construire sur cette côte des chantiers, stations de charbon, établissements militaires, et de ne laisser construire aucun établissement avec des capitaux étrangers. Cet article inspiré par les craintes qui ont été rappelées plus haut, complète la promesse de non-aliénation d’avril 1898. Le Japon avait demandé que la Chine s’engageât à n’aliéner nulle partie de son littoral ; un article spécial énonce qu’il se contente de la déclaration faite spontanément par la Chine à ce sujet : fiction diplomatique destinée à ménager l’amour-propre de l’adversaire. Les dispositions de ces quatre groupes ont une portée territoriale ; aucune ne diminue l’intégrité du territoire chinois, aucune n’est directement contraire au principe de la porte ouverte[1].

Un autre article stipule que la compagnie Han-ye-phing restera indépendante de l’État et que les arrangements qui pourraient être

  1. North China Herald, 15 mai 1915, p. 487 ; 29 mai, p. 641 ; 12 juin, p. 789. L’Asie Française, 1915, p. 64.