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LA POLITIQUE DU JAPON AU DÉBUT DE LA GUERRE EUROPEENNE.

rieures par tous les désagréments et dangers de cette situation[1]. Les protestations ne lui manquèrent de part ni d’autre, à propos de la zone de guerre, étendue, mode et époque de fixation[2], à propos du passage de soldats allemands, de marins autrichiens provenant de la Kaiserin Elisabeth, pour des Japonais livrés aux Allemands, pour des actes d’espionnage commis par des Chinois, pour le poste de télégraphie sans fil de Wou-song. L’usage militaire du chemin de fer par les Allemands souleva de fréquentes difficultés ; la voie fut d’abord gardée par l’armée chinoise, dont quelques officiers entendaient remplir leur mission même par la force, mais l’esprit contraire prévalut et, les troupes chinoises étant retirées le 5 octobre, l’exploitation fut remise aux agents des chemins de fer impériaux japonais ; les Allemands avaient fait sauter deux ponts ; les Japonais de leur côté s’étaient emparés des gares et dépôts de Wei-hyen, de Tsi-nan, de l’importante houillère de Hong-chan[3]. Aux plaintes réitérées de la Chine, le Cabinet de Tôkyô répondait avec la plus grande courtoisie ; une fois même, il donna satisfaction, en retirant les couleurs japonaises d’un torpilleur allemand échoué dans les eaux chinoises.

Pendant que se déroulait la campagne au Chan-tong, plusieurs îles allemandes du Pacifique, parmi les Marshall, les Mariannes, les Carolines, étaient saisies (octobre) par la flotte, tandis que la partie allemande des Samoa, au grand apaisement des États-Unis, était déjà occupée par les troupes de la Nouvelle-Zélande depuis la fin d’août ; les rapports et documents japonais évitaient toute explication relative à un transfert de juridiction et tout terme de nature à éveiller les susceptibilités des États-Unis. Cette discrétion était probablement concertée avec les Cabinets de Londres et de Washington ; toutefois les faits prouvaient que, contrairement à ce qu’on avait cru d’abord, le Japon ne s’était pas engagé à s’abstenir dans le Pacifique ; aucune allusion à cette région ne se trouvait non plus dans la déclaration de neutralité du président Wilson, qui soulignait seulement l’affirmation de la part du Japon de son désintéressement territorial en Chine. Grâce à la modération de son attitude, le gou-

  1. North China Herald, 12 septembre 1914, p. 825.
  2. Japan Mail, 12 septembre 1914, p. 263 à 265 ; 26 septembre, p. 300, I, III.
  3. Id., 3 octobre 1914, p. 320 332 ; 10 octobre, p. 341 ; 17 octobre p. 376, 377 ; 24 octobre, p. 397.