Tchi-li et au Chan-tong, prêtes à l’appuyer. Quand le Japon entra résolument dans l’affaire, la grande république voisine ne se tint pas à sa première attitude ; elle n’était pas sans méfiance à propos des nouveaux desseins de l’Allemagne, fondation récente à Berlin d’un institut scientifique et économique, soutenu et patronné par les plus hauts personnages officiels, ainsi que par les sociétés industrielles et commerciales, projetant la création en Chine d’établissements d’instruction et autres ; de plus prochaine construction au Chan-tong d’une grande aciérie sous la direction de la maison Krupp. D’autre part, un voyage à Berlin fait quelques mois plus tôt par le fils du président Yuen indiquait des rapports assez intimes ; le Président était reconnaissant de l’attitude favorable de l’Allemagne lors des réclamations de la Russie et de l’Angleterre pour le Tibet et la Mongolie[1]. Un bon nombre de mandarins, appréciant le système des pots-de-vin largement pratiqué par les maisons allemandes, une partie du monde commercial séduit par l’habitude des longs crédits, avaient des dispositions progermaniques. Les tendances divergentes s’opposant dans un pays de gouvernement faible et sans principes politiques bien arrêtés, on pensa faire un jeu de bascule entre les deux belligérants, aucune attitude ferme ne fut, ni peut-être ne pouvait être adoptée à Péking ; en fin de compte, on y subit la poussée des événements. Un arrangement fut conclu avec Tôkyô, dit le Nitsi nitsi, avant l’ultimatum du 15 août ; une zone fut déterminée d’abord, puis légèrement étendue, où les troupes japonaises pourraient débarquer, opérer, user du chemin de fer sans être réputées avoir violé la neutralité chinoise[2], ou du moins sans que la Chine fit plus que formuler à l’avance une protestation de pure forme. Si la République eût prétendu écarter en fait les hostilités de son sol, elle eût dû s’opposer au débarquement, aux opérations des alliés dans ses eaux territoriales, mais aussi mettre obstacle aux mesures militaires des Allemands, au besoin les expulser du territoire loué, qui demeure chinois en principe. Ni sa convention de 1898, ni ses moyens d’action ne lui permettaient de se faire respecter ; elle traça donc la part du feu, selon le précédent de la guerre russo-japonaise, payant les fautes anté-
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