cier la fidélité de la France à son alliée. L’accord du 10 juin 1907 manifesta ces bonnes dispositions réciproques, qui ont permis la coopération des capitaux français au développement économique du Japon et l’extension dans ce pays d’importantes maisons françaises d’enseignement.
La crainte de la Russie date de loin. Dès la fin du XVIIIe siècle, le chôgounat était averti des desseins russes sur le Pacifique nord et, depuis, les autorités de Édo d’abord, de Tôkyô ensuite, ont dû plus d’une fois faire face à des tentatives de leurs voisins. La guerre de Mantchourie a donc eu pour but d’écarter une fois pour toutes la pression russe du Lyao-tong et de la Corée, le désir de venger l’affront reçu y a eu une part secondaire ; le résultat une fois atteint, elle n’a pas laissé de rancœur dans l’esprit des Japonais, moins à coup sûr que dans une partie de l’opinion russe qui se méfie de tous les Asiatiques pour l’avenir de la Sibérie transbaïkalienne. Aussi depuis le traité de Portsmouth a-t-on vu Saint-Pétersbourg et Tôkyô s’entendre fréquemment sur les questions de chemins de fer et de pêcheries ; plusieurs accords ont été conclus, l’un d’une portée générale et un peu vague (30 juillet 1907), les autres (4 juillet 1910, 8 juillet 1912) confirmant et définissant la situation des deux Puissances en Mantchourie et en Mongolie. Aucun sujet de désaccord n’existant plus, les intérêts connexes étant délimités, le Japon était au contraire porté vers la Russie par ses relations cordiales avec les autres membres de la Triple-Entente. Dès les premières semaines de la guerre européenne, des assurances de bon vouloir furent probablement échangées, la presse des deux pays salua chaleureusement l’orientation nouvelle préparée de longue date par M. Motono, ambassadeur en Russie ; la première manifestation du côté russe fut la mission du général Germonius qui, parti de Pétrograd le 23 août, débarqua le 9 septembre à Tsourouga et fit ostensiblement de gros achats de matériel de guerre. On parla à mots couverts de négociations plus importantes qui furent démenties. Il semble aussi qu’à partir du mois d’août le Cabinet de Tôkyô tint un langage bien plus libre à propos de la création de deux divisions en Corée : cette augmentation des forces de terre, réclamée depuis deux ans ou davantage en vue de complications éventuelles du fait de la Chine, était toujours ardemment discutée par les partis et avait contribué à