Gouvernement Impérial Allemand d’avoir à exécuter les deux propositions suivantes : 1o retirer immédiatement des eaux japonaises et chinoises les navires de guerre et vaisseaux armés allemands de toute nature, et désarmer sans délai ceux qui ne peuvent être retirés ; 2o remettre sans condition ni compensation aux autorités impériales japonaises, à une date qui ne saurait être postérieure au 15 septembre 1914, tout le territoire loué de Kyao-tcheou en vue d’une restitution éventuelle du dit territoire à la Chine. Le Gouvernement Impérial du Japon annonce en même temps que, au cas où le 23 août 1914 à midi, il n’aurait pas reçu du Gouvernement Impérial Allemand une réponse notifiant acceptation inconditionnelle de l’avis précédent, il se verrait contraint d’agir comme il croirait nécessaire pour faire face à la situation[1].
À cette communication d’une délicieuse insolence, l’Allemagne ne fit aucune réponse ; elle n’imagina qu’une réplique un peu ridicule en faisant prescrire à l’ambassadeur d’Autriche de demander ses passeports ; cette démarche (25 août), précédée d’une petite rouerie destinée à sauver le croiseur autrichien Kaiserin Elisabeth, n’était pas de nature à impressionner le gouvernement de Tôkyô[2].
L’ultimatum mettait fin aux incertitudes et aux délibérations soulevées tant par la crise européenne que par la démarche de la Grande-Bretagne. Cette Puissance, en effet, avait requis du Japon (7 août) la protection due en vertu du traité d’alliance au commerce et aux intérêts britanniques en Extrême-Orient : le Cabinet anglais ne songeait, semble-t-il, à ce moment qu’à faire assurer la police des mers de Chine ; les autorités japonaises estimèrent au contraire qu’il était indispensable pour atteindre ce but de détruire la base allemande de Tshing-tao. Un échange de vues suivit, où la Grande-Bretagne éprouva quelque surprise du degré avancé des préparatifs japonais et montra peut-être le souci de limiter l’action de son allié en Chine. Depuis plusieurs mois, l’alliance avait été l’objet, dans les deux pays, des conversations des hommes politiques et des articles de la presse : le principe du statu quo en Chine et de l’égalité de traitement, equal opportunities, pour les différentes Puissances était-il respecté ? n’était-il pas attaqué par la politique anglaise au Tibet, aussi bien que par les ententes mongoles de la Russie ? devait-on, ainsi que le pensait le comte Ôkouma, premier ministre, tendre vers