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LA POLITIQUE DU JAPON
PENDANT LA PREMIÈRE ANNÉE DE LA GUERRE EUROPÉENNE

Le formidable conflit où l’un des deux groupes des grandes Puissances s’est jeté sur l’autre, ébranle les bases morales de la société des nations et secoue les peuples les plus éloignés. Les neutres, quoi qu’ils en aient, y sont impliqués soit par la force des faits, soit par la volonté de certains belligérants, et leur rôle n’est guère plus facile ni moins dangereux que le rôle de ceux-ci. Ils veulent, peut-être pour les motifs les plus respectables, rester loin de la lutte ; ils risquent de ressembler à ceux dont parle Dante, à ces

anime triste di coloro,
Che visser sanza infamia, e sanza lodo,

ou aux anges

che non furon ribelli,
Ne fur fedeli a Dio, ma per se foro.

Le Japon, à l’extrémité de l’Asie orientale, n’a pas montré cette passivité et, dès la première heure, il s’est rangé résolument dans le camp où l’attiraient son sens élevé de l’honneur, ses sympathies, ses intérêts. Quelle place lui ont assignée et les circonstances environnantes et ses propres idées ?

Le 15 août 1914, le gouvernement japonais faisait remettre à l’ambassadeur d’Allemagne à Tôkyô l’ultimatum suivant :

Considérant que, dans la situation présente, il est hautement important et nécessaire de prendre des mesures pour écarter toutes causes tendant à troubler la paix en Extrême-Orient, et pour sauvegarder les intérêts généraux visés par la convention d’alliance entre le Japon et la Grande-Bretagne…, le Gouvernement Impérial du Japon croit de son devoir d’aviser le