accordé grâce au concours « efficace et infatigable » du ministre français de Bourboulon. C’est surtout après 1870, dans l’éclat des victoires allemandes, que la Légation germanique commença de jouer un rôle, encore étendu par M. von Brandt. Cet agent avait fait partie de la Mission Eulenburg : quelques années plus tard, il fut nommé à Péking et y resta jusqu’en 1893. Sa connaissance de l’Asie orientale, son décanat à Péking, l’accoutumance du Tsong-li yamen lui avaient donné une grande influence. Souvent en France, nous oublions l’importance des relations personnelles pour le règlement des affaires ; dans nos rapports avec la Chine, on ne peut citer un seul agent maintenu sur place aussi longtemps que M. von Brandt.
Le développement de la marine allemande avec le nouveau règne inspira au gouvernement le désir de ne pas se restreindre à un rôle commercial ; le protectorat religieux parut propre à permettre l’action politique que l’on désirait exercer. Le vicariat du Chan-tong méridional appartient aux missionnaires allemands de Steyl ; la province, riche en charbon, productrice de diverses denrées, ayant de bons ports, une population active, un climat sain, avait été explorée par M. von Richthofen ; le terrain à conquérir était connu. Mais les missionnaires de Steyl, comme tous les autres missionnaires catholiques, étaient protégés français. La diplomatie allemande agit à Rome, à Paris, à Péking ; M. von Brandt obtint facilement le consentement du Tsong-li yamen, peu intéressé dans la question ; il poussa en avant plusieurs de ses collègues, qui ne tirèrent de leur concours aucun avantage ; il parla haut à l’évêque, Mgr Anzer, menaçant, faisant sonner le patriotisme allemand. Après plus de deux ans d’intrigues et de luttes, Mgr Anzer, à la fin de 1890, se plaça avec sa Mission sous la protection de l’Allemagne. La Légation germanique mit aussitôt son honneur à remplir ses devoirs nouveaux avec une énergie, une rudesse à laquelle la France n’avait pas accoutumé les Chinois.
C’était le premier pas ; la second fut fait un peu plus tard, après que l’Allemagne eut coopéré avec la France et la Russie à la rétrocession du Liao-tong, sans tirer grands fruits de ce service. M. von Richthofen avait dès longtemps reconnu les avantages de la baie de Kiao-tcheou sur la côte méridionale du Chan-tong ; en 1896, une prise de possession projetée ne fut arrêtée que par un typhon et un naufrage. Le 1er novembre 1897, deux missionnaires allemands furent tués par des brigands dans une auberge ; le 14, l’amiral von Diederichs occupait sans avertissement et sans résistance les hau-