l’influence à laquelle nous donnent droit vingt ans de frontières communes ; pour répondre, il suffit de voir ce qu’a fait la Russie à Port-Arthur et à Dalny, avec son transmantchourien gardé par ses soldats, avec la Mantchourie administrée pour elle par les Chinois, avec la gratitude du Fils du Ciel ; notre situation dans les trois provinces du sud n’est pas comparable, et c’est que notre politique n’a rien de cette continuité qui fait de l’action russe quelque chose comme une force de la nature. Du choc de 1900, la Russie seule a su sortir avec un prestige et un pouvoir accrus ; après la lutte, la France a esquissé une intervention amicale ; mais ni elle, ni le reste de l’Europe occidentale, ni la Chine même, n’ont rien gagné à cette crise de xénophobie.
À l’heure présente, le double problème posé est celui de l’exploitation et de l’instruction de la Chine : nous avons dans le pays des commerçants, des ingénieurs, des missionnaires. Ceux-ci sont depuis nombre d’années devenus éducateurs, ils travaillent à ce rapprochement des civilisations que prévoyait déjà Lagrené ; ils ne se bornent pas, comme au début, à faire connaître le nom de la France, à renseigner et aider nos explorateurs et nos agents, rôle plus modeste, mais dont l’utilité ne doit pas être oubliée. Leur action, en face de l’action semblable et opposée des sociétés de propagande anglaises et autres, s’étend et s’approfondit ; elle profitera à la France dans la mesure où les Missions catholiques resteront nos protégées : si elle cessait de s’exercer dans le sens français, si les écoles de l’intérieur devenaient toutes sino-anglaises, sino-japonaises, sino-allemandes, si la région de Chang-hai passait à des Jésuites anglais, ce ne sont peut-être pas les Missions qui y perdraient le plus. Il est bon de se souvenir que, jusqu’à notre établissement au Tonkin, notre ligne politique en Asie orientale eût été inexistante sans les Missions et le protectorat ; il serait encore plus nécessaire d’accroître, pour aujourd’hui et pour demain, l’efficacité de l’instrument que nous tenons.
L’unité de vues, l’utilisation pour le but général de tous les efforts privés ou corporatifs sont les caractères saillants de l’action allemande en Chine. L’histoire en est beaucoup plus brève que la nôtre ; par son unité même, elle est beaucoup plus simple. Il faut noter d’abord, et pour n’y pas revenir, la parfaite entente des ques-