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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

tème, appliqué à partir du 12 juillet 1854, donna de si bons résultats que, transformé, il fut étendu à tous les ports et qu’il subsiste aujourd’hui : Sir Robert Hart, inspecteur général des douanes, est le successeur de cette commission de trois membres. En 1855 la France et les États-Unis renoncèrent à se faire représenter, laissant seule l’Angleterre ; celle-ci comprit si bien les avantages de la situation qu’un peu après, elle offrit d’affermer tout le service des douanes. C’était l’heure pourtant où la crise séricicole en France donnait une impulsion nouvelle à notre commerce d’Extrême-Orient, où l’alliance anglo-française eût permis sans difficulté de maintenir une situation acquise. Il est impossible de mesurer les conséquences de ce renoncement de la politique impériale.

Un peu plus tard, le vent avait changé. Le gouvernement de Napoléon iii décida de demander compte aux Chinois du massacre de l’abbé Chapdelaine, de resserrer les relations diplomatiques et commerciales. L’action concertée avec l’Angleterre aboutit aux traités de Thien-tsin (juin 1858), à la canonnade de Ta-kou prenant la place des ratifications (juin 1859), à l’entrée dans Péking (octobre 1860). Pendant quelques années, la France jouit du prestige conquis par ses armes, accru par la souplesse et la modération de ses négociateurs en face de la dureté des Anglais. Notre jeune établissement de Cochinchine, acquis à la surprise de Paris même, maintenu contre les attaques d’une partie du gouvernement impérial, grâce à la fermeté du ministre Chasseloup-Laubat, était une conséquence de notre protectorat religieux ; il pouvait fournir à notre action sur l’Empire voisin l’appui qui lui avait fait défaut ; mais trop éloigné de Péking, trop lentement développé par le gouvernement hésitant, il laissait au protectorat des Missions la première place dans notre politique chinoise, peu préoccupée encore des questions commerciales. Il a alors été dépensé par nos agents beaucoup de fermeté et de talent pour organiser et rendre effectif ce protectorat.

L’oubli que fit le gouvernement chinois de la leçon de 1860, amena en juin 1870 le massacre de Thien-tsin, dirigé contre tous les étrangers, mais qui eut les Français pour presque seules victimes ; dès longtemps les préparatifs du mouvement étaient faits parmi les lettrés, ils étaient, sinon encouragés, du moins tolérés, par une partie des autorités. On a vivement reproché à Rochechouart, alors chargé d’affaires, d’avoir, lorsqu’il descendit à Thien-tsin après le massacre, reçu à dîner le surintendant Tchhong-heou : le fait a été