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C’est ainsi que Malherbe les appellera contre les « avortons de l’envie » qui en veulent à la reine régente[1], et c’est ainsi qu’elles se présentent déjà quand il commence à faire l’éloge de « la reine des fleurs de lys » :

Les Muses, les neuf belles fées,
Dont les bois suivent les chansons,
Rempliront de nouveaux Orphées
La troupe de leurs nourrissons[2].


La célèbre description du combat des Géants, dans l’« Ode pour le roi allant châtier les Rochelois », se ressent de celle de Ronsard, dont elle garde plusieurs détails, notamment le mot puer, que Ménage trouve de mauvaise odeur, sous sa forme archaïque pût (3e  personne) :

Si que le soufre, ami du foudre,
Qui tomba lors sur les Géans,
Jusqu’aujourd’huy noircit la poudre
Qui put par les chams Phlégréans[3].

Ces colosses d’orgueil furent tous mis en poudre.
Et tous couverts des monts qu’ils avoient arrachés ;
Phlègre qui les reçût, pût encore la foudre
Dont ils furent touchés[4].


C’était du reste un lieu commun que ces vestiges du combat des Géants, et de Bellay s’en servait déjà pour

  1. Malh., I, 209.
  2. Malh., I, 187.
  3. Ménage, o. c., p. 337.
  4. Malh., I, 280 et 281. Taine est encore frappé de la familiarité du passage de Malherbe : « pue encore la foudre » (H. Taine), sa vie et sa correspondance, t. II, p. 26); ce qui est plus surprenant, c’est que Taine ajoute : « Tout cela fait revoir le vieux soldat des guerres de la Ligue, qui écrit sans modèles français… »