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d’Achille décrite par Stace Papinie[1], n’était pas moins célèbre que la Thébaïde, et, de même que dans l’Achilléide de Stace, Achille connaît tous les exercices, de même Malherbe, remplissant ses vers par une savante énumération des parties, nous dit du héros :

Sa gloire à danser et chanter,
Tirer de l’arc, sauter, lutter,
À nulle autre n’étoit seconde[2].

Comme dans l’Achilléide aussi,

L’or éclatoit en ses cheveux[3]
Et les dames avecque vœux
Soupiroient après son visage[4].

Ainsi le portrait qu’avait tracé Stace restait présent à la mémoire des écrivains classiques, et on le retrouvera dans l’Achille de Racine, qui s’est policé et a appris les belles manières,

Mais qui, si l’on nous fait un fidèle discours,
Suça même le sang des lions et des ours[5].

Seulement, Racine mettait ces paroles dans la bouche de la triste Ériphile, Achille était le principal personnage de la tragédie, et la violence que la tradition lui

  1. Rabelais, Pant., 4e  l., chap. 2. Voir plus haut, chap. V, § III (Ovide).
  2. Malh., I, 113.
  3. Ibid.Stace, Achill., I, 102 : fulvoque nitet coma gratior auro.
  4. Dulcis adhuc visu… (Achill., I, 161).
  5. Racine, Iphigénie IV, I. Cf. Achilléide, II, v. 385-6 :

    Dicor… spissa leonum
    Viscera, semianimesque libens traxisse medullas