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l’origine, à la suspension des payements en espèces, qui a détruit le contrôle naturel et véritable. Pour formuler sur ce sujet une appréciation générale, votre Commission pense qu’on ne peut trouver une sauvegarde sûre, certaine et constamment suffisante contre cet excès de circulation fiduciaire que dans la convertibilité de ce papier en espèces.

Votre Commission ne peut donc que regretter que la suspension des payements en espèces, qui, sous son jour le plus favorable, ne pouvait être considérée que comme une mesure temporaire, ait été maintenue si longtemps ; et, particulièrement, que par la manière dont est conçu l’acte qui la maintient actuellement, on ait donné à cette mesure le caractère d’une mesure de guerre permanente.

Votre Commission pense qu’il serait superflu de faire ressortir en détail les désavantages qui doivent résulter pour notre pays d’un excès général dans notre monnaie, tel qu’il en diminue la valeur relative. L’effet d’une telle augmentation de prix sur toutes les transactions monétaires pour un long temps ; le dommage inévitable souffert par les rentiers et par les créanciers de toutes sortes, privés ou publics le profit involontaire acquis par le gouvernement et par tous les autres débiteurs : voilà des conséquences trop évidentes pour avoir besoin de preuve, et trop contraires à la justice pour être laissées sans remède. Aux yeux de votre Commission, un des effets les plus importants de cet état de choses, c’est l’influence qu’il a exercée sur le salaire des travaux ordinaires des champs, du salaire dont le taux, comme personne ne l’ignore, suit plus lentement les changements dans la valeur de la monnaie que le prix de toute autre espèce de travail ou de denrée. Et votre Commission se contente de citer quelques classes de serviteurs publics dont le salaire, une fois qu’il a été augmenté par suite de la dépréciation de la monnaie, ne peut pas être aussi facilement ramené à son taux primitif, même après que la monnaie a recouvré sa valeur première. Le progrès futur de tous ces inconvénients et de tous ces maux, si on ne l’arrête, doit avant longtemps jeter une conviction pratique dans l’esprit de ceux qui peuvent encore douter de leur existence ; mais même l’aggravation progressive du mal serait-elle moins probable qu’elle ne paraît l’être aux yeux de votre Commission, elle ne peut s’empêcher d’exprimer l’opinion que l’intégrité et l’honneur du Parlement sont intéressés à ne pas autoriser plus longtemps que ne l’exigera une impérieuse nécessité la continuation dans ce grand pays commercial d’un système de circulation dépourvu de ce frein ou de ce contrôle qui maintient la valeur de la