Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaissance très-approfondie de tous les principes qui devaient présider à la direction d’une institution de cette nature. Ils prêtaient de l’argent non-seulement par l’escompte, mais encore sur garanties matérielles, sur hypothèques et même sur dépôt d’objets non périssables ; en même temps la Banque donnait au gouvernement une aide très-effective pour l’entretien de l’armée sur le continent. Par la largeur de ces prêts faits aux particuliers aussi bien que par les avances considérables faites au gouvernement, la quantité des billets de la Banque devenant excessive, leur valeur relative se trouva dépréciée, et ils descendirent jusqu’à subir un escompte de 17%. On ne voit pas qu’à cette époque il y ait eu dans le sentiment public manque de confiance dans les fonds de garantie de la Banque ; car ses actions se vendaient à 110%, quoique 60% seulement du montant des souscriptions eussent été versés. Par suite des effets combinés de cette dépréciation du papier de la Banque provenant de sa surabondance, et de la dépréciation de la monnaie d’argent provenant de l’usure et de la rognure, le prix de l’or en lingots s’éleva si haut que les guinées valaient jusqu’à 30 shillings ; tout ce qui restait d’argent au titre avait disparu de la circulation ; et le change avec la Hollande, qui auparavant avait été un peu affecté par les envois faits pour l’armée, tomba à 25% au-dessous du pair, lorsque les billets de la Banque subissaient un escompte de 17%. Quelques expédients furent essayés à la fois par le parlement et par la Banque pour faire entrer dans la circulation une meilleure monnaie d’argent et pour réduire le prix des guinées, mais ils furent infructueux. À la fin on eut recours aux vrais remèdes

d’abord, un nouveau monnayage de l’argent, qui ramena cette partie

de la circulation à sa valeur type, quoique la rareté de la monnaie occasionnée par le retrait du vieux numéraire eût mis la Banque dans la gêne et même eût momentanément affecté son crédit ; secondement, le retrait de la circulation de l’excédant des billets. Cette dernière mesure paraît avoir été prise très-judicieusement. Le Parlement consentit à augmenter le capital de la Banque mais il y mit cette condition qu’une certaine proportion des nouvelles souscriptions serait versée en billets de Banque. Proportionnellement au montant des billets ainsi amortis, la valeur de ceux qui restèrent en circulation commença à s’élever en peu de temps les billets furent au pair et les changes avec l’étranger à peu près également au pair. Tous ces détails sont consignés dans des brochures authentiques publiées à cette époque et ces exemples ont semblé à votre Commission jeter un grand jour sur l’Enquête actuelle.