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recueillit sur les lèvres du patriarche mourant. Les voici dans leur intégrité ; elles nous font voir les sentiments chrétiens qui animaient ce pionnier-apôtre.


« La mort du sieur Hébert fut une affliction pour tous, non seulement pour les Français mais encore pour les sauvages, car ils perdaient en lui un vrai père nourricier, un bon ami, et un homme aussi zélé pour leur conversion, comme il l’a toujours témoigné par ses actions jusqu’à sa mort, laquelle comme sa vie avait pieusement correspondu à celle d’un vrai chrétien sans fard ni artifice. Je ne peux être blâmé de dire le bien là où il est, et de déclarer la vertu de ce bon homme, pour servir d’exemple à ceux qui viendront après lui, puisqu’elle a éclaté devant tous, et a été en bonne odeur à tous. Si je n’en dis pas autant des vivants, c’est que personne ne peut être appelé saint qu’après le trépas, parce que l’on peut, jusqu’à la dernière heure, toujours déchoir de sa perfection, ou sortir du vice pour la vertu. Dieu voulant retirer ce saint personnage, et le récompenser des travaux qu’il avait soufferts pour Jésus-Christ, lui envoya une maladie dont il mourut. Mais, avant de mourir il reçut avec une piété touchante les sacrements de la sainte Église, du Père Joseph Le Caron, et disposa de ses affaires au grand contentement de tous les siens. Après quoi il fit approcher de son lit sa femme et ses enfants, auxquels il fit une courte exhortation sur la vanité de cette vie, sur les trésors du ciel, et sur le mérite que l’on