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jouissance de ce domaine en fief noble, aux mêmes conditions de la première donation.

Il semble que la Providence aurait dû accorder à notre pionnier une longue vieillesse qui lui eût permis de jouir en paix des fruits de ses travaux. Il y avait dix ans qu’il était dans la colonie, il commençait à vivre plus à l’aise, ses champs fournissaient abondamment pour l’entretien de sa famille, et il était sur le point d’oublier ses fatigues, quand Dieu l’appela à lui. Les mérites de notre colon étaient assez grands pour lui valoir la récompense éternelle ; ou, en le retirant de ce monde, Dieu voulut lui épargner la vue des épreuves qui allaient bientôt fondre sur la Nouvelle-France.

Louis Hébert eut-il un pressentiment de sa mort prochaine ? Un jour qu’il était allé visiter les Pères Récollets, il exprima au supérieur le désir d’être enterré au pied de la grande croix de leur cimetière. Il avait choisi d’avance le lieu de sa sépulture.

Peu de temps après, vers la fin de janvier de l’année 1627, il fit une chute sur la glace et se blessa si grièvement que bientôt il n’y eut plus d’espoir de le ramener à la vie. La nouvelle de l’accident jeta l’émoi dans la colonie. Les sauvages accoururent auprès de celui qu’ils aimaient à appeler leur ami. Louis Hébert eut encore la force de leur adresser des paroles pleines de charité. Les Français eux-mêmes furent consternés ; il leur avait rendu à tous de si grands services. Il était si bon, si empressé envers eux ! Mme Hébert ne pouvait croire à l’étendue du