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tentes trempée de rosée, on avait enfin un toit solide, le bien-être de l’abri et de la chaleur. Les meubles apportés de Paris reparaissaient au jour. On oubliait qu’on était en pleine barbarie dans une forêt sans bornes…

» L’œil vif et gai, Mme Hébert allait et venait, plaçant les meubles, rangeant le linge dans les armoires, disposant sur le dressoir sa belle vaisselle d’étain, et, près du feu, les casseroles de cuivre[1]

» C’est avec une émotion profonde que le Père Joseph Le Caron bénit la demeure du pionnier de l’agriculture. Il lui semblait célébrer l’alliance de l’homme avec la terre canadienne. Par delà il voyait comme en un rêve, les travailleurs du sol, tous ces vaillants défricheurs qui, la hache à la main, s’enfonceraient dans la forêt pour y fonder un foyer et il offrait à Dieu leurs rudes labeurs et leurs héroïques misères… »

Autour de son petit logis, Louis Hébert commença les premiers défrichements. L’histoire aurait dû enregistrer cette date mémorable, elle célèbre parfois de moins dignes anniversaires. Louis Hébert, en effet, ce jour-là, prenait effectivement possession du sol canadien. Sans pompe comme sans bruit il commençait la véritable conquête de la Nouvelle France, et la seule vraiment durable. Cet apothicaire parisien devint alors l’habitant vrai, qui s’identifie

  1. On peut voir au monastère des Révérendes Sœurs du Bon Pasteur, de Québec, une fontaine antique qui fut apportée au Canada par Louis Hébert, et qui a été conservée dans la famille Couillard de génération en génération.