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droit favorable pour asseoir sa maisonnette. Il avait besoin d’un terrain fertile, près du fort, et qu’il pût défricher sans trop de difficultés. Il trouva bientôt ce qu’il cherchait. Il escalada la falaise dont les sommets étaient alors garnis de noyers puissants, aux fortes ramures, et de chênes gigantesques, au feuillage épais, qui plongeaient leurs racines dans une terre riche.

Un panorama admirable s’offrit aux yeux de notre colon. Il en fut émerveillé. Il aimait la grande nature. L’Acadie l’avait charmé, mais toutes les beautés de Port-Royal n’étaient rien en comparaison de ce qu’il vit à Québec pour la première fois. À ses pieds le grand fleuve roulait ses eaux avec impétuosité. En face se trouvaient les rochers si escarpés de la pointe Lévis, tout couverts d’un bois épais. Vers le Nord, les Laurentides ; plus près de lui, la côte de Beaupré, mais toujours et partout… la forêt vierge où habitaient l’Indien et les bêtes fauves. Hébert dut se sentir bien isolé au milieu de cette mer de feuillage. Il ne put se défendre d’un certain sentiment de terreur à la pensée des dangers qui l’attendaient sur ce coin de terre sauvage. En ce moment, il se rendit compte de la grandeur de la tâche qu’il venait inaugurer au milieu de cette barbarie, et de la somme d’énergie qu’il devait dépenser pour commencer la première trouée dans la forêt vierge. Pourtant une pensée vint le consoler et l’encourager. Cette Nouvelle-France, ce royaume plus grand que son pays, n’était-il pas glorieux de le conquérir, non pas à la