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se base la société. Sans elle il n’y a ni société ni vie possibles. Une profession ou un métier peuvent même disparaître sans que la société souffre trop de dommage, mais que deviendrait-elle sans l’agriculture ? N’est-il pas aisé, pour un certain temps du moins, de vivre sans avocat, sans notaire, sans médecin ? Oui, certes, tous peuvent vivre sans plaider, sans passer des contrats, et souvent sans recourir à la science médicale, mais il n’est personne qui puisse se passer du cultivateur. C’est de lui qu’il faut acheter les légumes, les denrées, les céréales, les viandes nécessaires à l’entretien de la vie. Que deviendraient nos citadins et nos villageois sans lui ? Qu’une seule récolte vienne à manquer il y a du malaise dans la société par suite de la rareté des produits. Le cultivateur est donc l’homme nécessaire et le plus indépendant des mortels. S’il connaissait son bonheur il ne serait pas tenté de quitter la charrue pour les tracasseries d’un métier… même le plus rémunérateur.

« Heureux qui sait jouir, qui cherche à se connaître,
Qui cultive son champ et qui n’a point de maître »

sommes-nous tentés d’écrire avec Boistel.

M. de Champlain désirait fonder une colonie durable. Il avait donc beaucoup de raisons de réclamer des défricheurs et des laboureurs pour les belles terres canadiennes. En dépit de ses démarches, après neuf ans, il n’avait pas encore réussi à implanter dans le pays un seul colon à qui l’on permît de se livrer à la culture.

En 1617, dans un de ses voyages à Paris, il rencon-