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Pendant ce temps-là M. de Poutrincourt, toujours en France, apprit non sans peine la formation d’une compagnie nouvelle destinée à conduire des colons à quelques lieues de Port-Royal. Les dames de la cour s’offrirent pour payer les frais de l’expédition.

Vainement M. de Poutrincourt protesta contre le projet. Il eut beau démontrer qu’il était urgent de fortifier Port-Royal avant de fonder un nouvel établissement, rien ne put faire revenir les promoteurs de ce projet sur leur décision. Un navire fut équipé sous le commandement du capitaine La Saussaye. Trente personnes s’embarquèrent pour l’Acadie ainsi que les Pères Quantin et Gilbert Du Thet, Jésuites. La reine fit un don de cinq cents écus ; Mme de Verneuil fournit les vases sacrés et les ornements du culte, et Mme de Sourdis tous les linges d’autel.

Le 12 mars 1613, La Saussaye aborda au Cap de la Hévê. En touchant la terre ferme, il fit ériger une grande croix aux armes de Mme de Guercheville, sa protectrice. Le Père Quantin célébra la Sainte-Messe. Après cet acte de foi, La Saussaye se rendit avec ses compagnons à Port-Royal. Il n’y rencontra que Louis Hébert qui, avec deux autres personnes, gardait le fort en l’absence de M. de Biencourt. La Saussaye, après les salutations d’usage, remit à Louis Hébert les lettres que la reine envoyait à M. de Biencourt avec ordre de laisser partir les Jésuites. Ces lettres attristèrent profondément Louis Hébert. Il eût désiré voir les bons missionnaires ainsi que les nouveaux colons s’établir à Port-Royal ; mais il se ren-