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La sympathie de Mme Hébert ne se limitait pas aux pauvres sauvages, mais elle s’étendait encore à d’autres déshérités de la terre.

En 1632, outre les petits sauvages dont nous venons de parler, se trouvait dans sa maison un petit nègre auquel elle enseignait les vérités de la foi. C’est encore la Relation de 1632, qui rapporte ce fait.

« Je suis devenu régent, écrit le Père Le Jeune, j’avais l’autre jour à mes côtés un petit nègre et un petit sauvage auxquels j’apprenais l’alphabet. Ce petit nègre a été laissé à cette famille de Français qui est ici. Nous l’avons pris pour l’instruire ; mais il n’entend pas bien la langue.

» Un jour, sa maîtresse (Mme Hébert) lui demanda s’il voulait être baptisé, ajoutant que, s’il le voulait, il deviendrait comme nous. Il répondit qu’il le voulait bien ; mais, ajouta-t-il, ne m’écorchera-t-on pas en me baptisant ?

» Comme il vit que l’on se riait de sa demande, il repartit : « Vous dites que par le baptême je serai comme vous, je suis noir et vous êtes blancs, il faudra donc m’ôter la peau pour que je devienne comme vous. »

» Là-dessus on se mit à rire, et lui, voyant qu’il s’était trompé, se mit à rire comme nous. Quand je lui dis de reprendre sa couverture, et de s’en retourner chez son maître jusqu’à ce qu’il entendît bien la langue, il se mit à pleurer ; il ne voulut jamais reprendre sa couverture. Sa maîtresse lui ayant demandé pourquoi il ne l’avait pas reprise,