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revenait sur les bords du Saint-Laurent ; elle allait cette fois reprendre les travaux qu’elle avait à peine ébauchés depuis un quart de siècle ; et elle devait établir sur nos rives une colonie puissante qui aurait été le plus beau fleuron de sa couronne si elle eût su le défendre contre l’ennemi, un siècle et demi plus tard.

La joie de Couillard et des siens est plus facile à imaginer qu’à décrire. Avec quelle hâte le navire fut attendu sur la grève ! Dieu seul le sait ! Toute la famille se rendit au-devant des Français pour leur souhaiter la bienvenue. Ce fut au milieu des larmes que furent échangées les poignées de mains.

Pour récompenser la fidélité de la première famille canadienne, la Providence permit que le premier sacrifice de la messe fût offert dans sa maison.

Nous laissons au Père Le Jeune le soin de nous rappeler cette scène si émouvante de notre histoire. « Nous allâmes célébrer la Sainte Messe dans la maison la plus ancienne de ce pays-ci, c’est la maison de Mme Hébert, qui s’est habituée près du fort, du vivant de son mari ; elle a une belle famille, sa fille est ici mariée à un honnête Français. Dieu les bénit tous les jours, il leur a donné de très beaux enfants. Leur bétail est en très bon point ; c’est l’unique famille française habituée au Canada.

« Ils cherchaient les moyens de passer en France mais ayant appris que les Français retourneraient à Québec, ils commencèrent à revivre. Quand ils virent arriver ces pavillons blancs sur les mâts de