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pour les Anglais, malgré la mauvaise fortune de la France. »

Qu’il est admirable le courage de cette famille canadienne, résolue à faire tous les sacrifices pour demeurer dans la Nouvelle-France ! Notre histoire nationale est remplie d’épisodes sublimes ; mais nulle part ailleurs se peut trouver héroïsme plus grand ! Couillard et les siens voulurent rester sur le rocher de Québec comme les gardiens du domaine que la France devait réclamer plus tard.

Deux autres Français demeurèrent dans la colonie. Ils avaient été envoyés par Émery de Caën et comme ils ignoraient ce qui venait d’arriver, ils se rendirent chez Couillard pour avoir des nouvelles. Ce dernier, en les voyant leur demanda ce qu’ils étaient venus faire ? Nous sommes venus, dirent-ils, de la part du Sieur Émery de Caën, voir si l’Habitation est prise. Hélas ! leur dit Couillard, que vous êtes simples et peu avisés, ne le voyez-vous pas ? fallait-il venir ici pour vous faire prendre ? que dira-t-on, sachant par les sauvages que vous êtes venus ici et que je ne le dise ? Il y va de ma vie, et de toute la ruine de ma famille ; il faut de toute nécessité si je veux me conserver, que je dise que vous êtes venus ici pour voir si M. de Champlain y était, et comment tout allait. Allons voir le capitaine Louis ; il est galant homme, il ne vous fera point de tort. »

Accompagné de ces deux hommes, Couillard se rendit au fort où il rencontra Louis Kertk qui, après