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accordant la liberté de faire la moisson et d’en disposer à leur gré, soit en lui vendant le surplus, soit en le trafiquant aux sauvages. Il leur promit qu’après un an s’ils préféraient retourner en France ils en auraient toute permission et qu’on leur achèterait chaque castor au prix de quatre livres payables à Londres.

Couillard et sa belle-mère ne pouvaient se résoudre à accepter cette proposition, tout avantageuse qu’elle parût, sans consulter M. de Champlain sur le parti qu’ils avaient à prendre. En restant au pays, ils ne pouvaient attendre aucun secours spirituel : les religieux s’embarquaient pour la France ; en quittant leurs terres ils perdaient le fruit de douze années de labeurs incessants.

M. de Champlain, homme de piété exemplaire, leur répondit que le bien des âmes passant avant le bien des corps, il leur conseillait de retourner en France, où ils pourraient plus facilement recevoir les sacrements et les secours de la religion ; ce qu’ils ne devaient point espérer en Canada, où il n’y aurait plus ni prêtres, ni exercices du culte catholique tant que les Anglais en seraient les maîtres. « Mais il ajouta : que, s’il était à leur place, il ferait d’abord la cueillette des grains pour les traiter aux sauvages et qu’ensuite il repasserait en France. »

M. de Champlain avait bien une arrière-pensée en donnant le dernier avis : il partait avec peine, et il espérait qu’en abandonnant quelques Français dans la colonie, il lui serait plus facile, plus tard,