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durant sept siècles et demi, à côté des plus nobles barons de Comté, de Champagne, de Lorraine et du Barrois, jusqu’à ce que l’effroyable tempête, commencée en 1789, chassât les enfants du bienheureux Lambert de leur asile et de leurs domaines, et même les illustres défunts de leurs tombeaux. L’église de Clairefontaine a disparu : ses cloîtres élégants, convertis en ateliers de faïencerie, ne retentissent plus des chants de la prière ; et la curiosité, intéressée par l’histoire, cherche en vain quelques débris de ce magnifique monument du douzième siècle, quelque fragment de pierre où soit gravé le souvenir d’un seigneur de Jonvelle[1].

Cependant les sires de Jonvelle, en même temps qu’ils honoraient leur nom par des libéralités sans bornes envers les cisterciens, se laissaient entraîner à la déprédation sur les domaines de deux autres monastères, Faverney et Saint-Marcel, et cela par une singulière contradiction, que présente souvent la noblesse de cette époque encore demi-barbare. Anséric, archevêque de Besançon, informé de l’état déplorable dans lequel était tombée l’abbaye de Faverney, occupée jusqu’alors par des religieuses sous la direction de l’abbesse Odiarde, s’était transporté sur les lieux pour mieux connaître le mal et pour y apporter un remède efficace[2]. Or, ce mal était grand : les nonnes avaient déserté leur cloître, envahi par les violentes injustices des seigneurs, de ceux-là

  1. C’est encore au temps de Guy 1er qu’il faut placer la fondation des prieurés de Jonvelle et de Voisey. (Voir à la fin du volume les notices sur l’église de Jonvelle et sur Voisey.)
  2. Vie des Saints de Franche-Comté, IV, 275.