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et chasteau de Grandcey, d’où par nostre impuissance ils ne sont pas prests de sortir, encore que nous y travaillons incessemment, bien résoluz d’ailleurs jusqu’à la dernière pièce qui nous reste, pour tirer de servitude ceux qui l’ont si courageusement accepté pour le service de la patrie. Et ne croyons avoir mespris si pour commencer nous avons vendu bien chèrement quelques pièces de vin à deux convoys de ceste armée, qui le sont venus charger depuis Scey, pendant dix jours entiers qu’elle y a esté campée ; auxquels d’ailleurs nous n’estions pas en estat de le refuser sans risque de le donner pour néant, avec le surplus qui estait en nostre pouvoir.

Voylà toutes les circonstances naïfvement déduictes de cest accommodement, et auquel nous n’avons pas esté portés par une terreur légèrement prinse et fondée sur le simple rapport d’un religieux. Le chanoine Villard estant allé à Jonvelle, et en depuis à Chauvirey, pour les affaires de la dame de Saint-Remy, sa maitresse, fut requis par le conte de Grandcey de nous faire la mesme sommation, mais avec des termes bien plus rigoureux : au lieu de trois mille pistoles, il en prétendoit absolument cinq mille, ou que la ville saulteroit embrasée. Aultant en fut dict à Lévigny, commandant à Senoncourt ; et tous deux s’excusèrent de telle commission trop hodieuse en excès et en énormité de la demande. Et de telle heure le siège de Jonvelle commencea que nous receumes advis de touttes parts, mesme de France et Lorraine, par personnes interposées, çonfidantes et dignes de créance, qu’infailliblement le torrent desborderoit jusqu’à nous et qu’il estait temps de pancer à nostre salut. Le mesme nous a esté escrit à bon escient dans le péis par ceux qui, ayant encore de la conférence avec le party contraire, en estoient bien advertis. Un de nos bourgeois, homme de condition, desclairoit, plus de trois jours auparavant, qu’il le sçavoit très certainement par un billet, duquel il n’osa nommer l’auteur. Le discours en estait tout commung dans Vauvillers, Rupt et Senoncourt, provenant d’une source irréprochable. L’on pourroit icy desclairer en détails tous ceux qui nous ont obligé de ses advertissements, n’estait le danger de les désacréditer et perdre les moyens d’en recepvoir d’aultres en pareilles nécessités.

Par le discours que dessus, l’on découvre assez clairement la malice de ceux qui nous imposent d’avoir esté au devant de l’ennemy jusques à Chauvirey, et que nous l’avons attiré par nostre facillité