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Dès lors nous sont arrivés d’heure à autre divers advis de bonne part que nous en sommes fort menacés, et qu’à présent l’armée ennemye, dès Chauvirey, prend sa route devers deçà, ayant desjà occupé les chasteaux de Suaulcourt, Artaufontaine, Bethoncourt, Villers-Vaudey, Ray et aultres, sans aucune résistance ; en sorte que nous sommes à la veille d’une entière désolation, puisque desjà plusieurs bourgeois de ceste ville ont absentés, et la pluspart des autres minutent leur retraicte ; et que d’ailleurs nous ne voyons aucune apparence de secours, quelque poursuytte que nous en ayons faict pour en obtenir. Mesme Son Excellence nous ayant faict l’honneur de nous visiter vendredy dernier, elle en partit le lendemain, sans avoir moyen de nous assister d’aucune gendarmerie, ny donner ordre de ce que nous avions affaire en ceste extrémité ; tellement que nous voyants si foibles et desnués de tout secours, nous serons à la fin contraincts d’embrasser le dernier remède, et tascher de divertir l’armée à prix d’argent, tel que nostre pauvreté le peut permettre, exposant une partie du peu qui nous reste pour sauver l’autre, sans toutefois nous eslongner tant soit peu des debvoirs que nous avons à S. M. et à la Cour, puisque nous sommes résolus, quoy qu’arrive, de ne recepvoir aucune garnison ny prester serment contraire à nostre ancienne et inviolable fidélité. Et pour ce supplions très humblement la Cour de ne désaggréer nostre procédé, et de croire que nous serons à jamais, très honorés et révérends seigneurs, de VV. SS., les très humbles et très obéissants serviteurs, les vicomte maïeur, eschevins et conseil de la ville de Vesoul.

Par ordonnance : SYMART.


Vesoul, 30 septembre 1641. — Etienne de Mongenet à la Cour.

Il lui apprend la composition de Vesoul et les progrès de l’armée française. Si Jonvelle eût résisté, le bailliage n’aurait pas été envahi.

Très honorés seigneurs, il y a quelques jours que le magistrat de ceste ville escrivit à la Cour le malheur qui nous menaçoit par l’approche de l’armée du comte de Grancey, qui faisoit des progrès devers deçà, gaignant de bonnes places, sans aucune résistence.