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que les soldats prenoient sur les chemins, alors que l’on les amenoit au quartier ;… qu’en effet ils ont tousjours heu le pain, vin et chair, jusques l’on recongneu que la promende que l’on leur donnoit de chair n’empeschoit qu’ils ne prinsent les bestiaulx du pays partout où ils les pouvoient avoir ; que d’ailleurs estans postés en la prérie de Gray, ils seroient allés en nombre de quattre ou cinq cents desd. deux régiments des lieux de Dampierre, et de là avoient surprins à l’aube du jour le village de Denèvre, où ils avoient prins tous les bleds, vins, meubles et la plupart des bestiaulx, et faict dommage estimé de plus de dix-huict mille francs, et mesme emmenés dudit village tous les chevaulx, cherriots et harnois… Que le pain a si peu manqué qu’il y en avoit lors encore plus de cinquante mille livre de cuit, qui a esté la plus part perdu pour n’y avoir heu moyen de trouver des harnois à l’effect de les conduire à l’armée. Et se verra par les comptes des munitionnaires que neul aultre des régiments de l’armée, tant de Bourgongne que aultres, n’avoient esté servy si promptement et avec tant d’affection que les susd. régiments, et que pas ung seul des aultres n’avoit heu chair ny vin, que lorsque l’on voulu se joindre pour aller au ravitaillement de Dole.

Et comme il fesoit une supputation d’une somme excessive, la faisant revenir à plus de 36,000 fr. par régiment[1], je leur ay faict veoir que, quand bien l’on leur avouheroit ce qu’ils demandent en pain, vin et chair… néantmoings, prenant la libvre de pain à ung carolu, selon que je leur ay faict veoir qu’elle vailloit lors, le vin à six blancs le pot, et la libvre de chair à deux blancs (lesquels prix ils m’ont accordé), chascun régiment ne pouvoit toucher plus de 18,735 fr. Sur quoy ou sur leurs gages prétendus fauldroit rabattre la moitié de 17,000 fr. que lesd. deux régiments ont receu de paye ; et desfalquans la chair que revient par chasque régiment, prenant la libvre seullement à deux blancs,

  1. Les deux régiments réclamaient des arriérés depuis leur entrée dans la province, 16 juin 1636, jusqu’au 6 août, époque où ils passèrent le pont de Rochefort pour aller en France. A chaque régiment, selon le mémoire des chefs, il était dû pour ce temps, 248,000 livres de pain, 186,000 livres de viande et 124,000 pots de vin. Sur quoi ils disaient avoir reçu seulement 120,999 livres de pain, 18,862 livres de viande et 31,980 pots de vin.