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en son mémoire, qu’il ne vouloit pas respondre qu’il ne fust contrainct de prendre ses quartiers d’hivers en ce pays. A quoy je luy objecta toutes les ruines et toutes les désolations de ce pays et n’oblia rien de toutes les raisons qui me furent possibles ; jusques il m’eust dict qu’il cognoissoit bien que tout ce que je luy en fesois entendre estait véritable ; et parce qu’il me déclara quels estaient les poincts qu’il vouloit vous représenter, j’eus moyen de luy respondre sur chascun d’iceux tout ce que me fust possible. Et comme je ne mancquois point de matière, je m’efforça, tant par mes raisons que par mes supplications, de luy faire comprendre le tout, selon la justice et l’équité, que nous attendions de ses intentions ; ce qu’il print de bonne part. Et comme il me dict beaucoup de choses qui ne se peuvent escrire, je voudrais bien les confier à quelqu’un de vostre part, capable de vous en faire un fidèle rapport.

Je vous envoya un gentilhomme des miens à cest effect : mais en chemin il a esté rencontré par des dragons, qui l’ont dépouillé et luy ont osté un cheval qui valoit plus de cent pistôles, lequel m’appartenoit, et ne luy ont laissé qu’une lettre de créance, qu’il vous portait de ma part. En sorte que je suis bien empesché comme je pourray vous faire tenir la présente en asseurance, ny aussy comme je pourray m’emboucher avec quelqu’un de vostre part ; car les paysans sont esté réduicts à une telle extrémité, qu’ils ne reconnoissent plus personne, et tant des cruautez estranges en contréchange de ceux que l’on leur faict. Et le mal est qu’ils s’en preignent au premier qu’ils rencontrent, sans aucune considération.

Néantmoins, nonobstant touttes ces difficultés, pour ne poinct perdre de temps, j’auray l’honneur de vous dire que de s’engager à fornir des vivres à ceste puissante armée estant la ruine signalée en ce pays, je crois que l’on n’en saurait venir à bout ; et j’estime qu’il seroit très nécessaire de supplier M. le marquis de Castanéda d’envoyer par deçà au moings deux cens milles escus, avec lesquels on assisterait ceste armée, puisque tout autre moyen mancquent par deçà et que nous avons consommé touttes nos forces pour maintenir nostre fidélité en son anciaine pureté, sans aucune… (deux lignes et demie déchirées)… nous veoir restablir de nos biens, que nous ne pouvons avoir recours en ceste grande extrémité qu’à nostre roy. Il me semble aussi que cela se pourra négotier heureusement, et que M. le comte Gallas y