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il ne me pouvoit forcé, ils ont mis le feu dans la grange du chasteau, lequel nous avons estoffé. Et après trois attaque généralle faittes à ma maison, et toute trois repoussé, avec perte de quelques vingt-trois hommes tués dans la fosse, et bien trois cens de blessé, il ont tenu le conseil, et après m’ont envoyé sommé de me randre, ou bien il n’auroit point de cartier. J’ay respondu aux trompette, qui parloit françois : « Chère amy, va dire à l’ennemy et à celuy qui commande que je suis le capitaine Gauchez, et que nous ne sçavons que c’est que randre des place, ny moins de faire des compositions. » Ce que voyant l’ennemy, il m’a renvoyé dire que de demain, devant le midy, y retornerions avec toutes leur cavallerye. Je luy ay respondu que plus seroit-il de jans, que plus acqueroit-je d’honneur. Lors ont commencé à marché. En mesme temps, jay fais sorty Grand du chasteau, avec deux cavalier, lesquels ont prins deux Suédois et trois chevaulx qu’il ont gaigné, lesquels Suédois jay fais encor tué. Au reste, il y a demeuré l’un de leur capitaine de chevaulx tué devant ma maison ; de quoy il ont tesmoigné en estre bien en colère. Le porteur de cest vous diras comme tous mes fossé sont plein de sang, et toute ma corvé. Au reste l’ennemy, enragés de ne me pouvoir forcer, a mis le feu au villages, et ont bruslé quinze maisons. Ont mis le feu en repaissant à Ormois, avec quantité de paysans tué d’Ormois ; la femme, de Choffe emmené prisonnier ; Choffe tué ; le fils Soignot, Perron tué, Germain Fauverot tué, tout dans le villages, et point dans ma maison : il n’y a eulx personne, sinon deux de mes massons blessé, mais légèrement, encor qu’elle a bruslé. Quantité de prisonnier qu’il emmène des environs de chez moy, tout le bestial du Magny emmenez, le village pillé, les deus fils de monsieur Grange Lyénard noyés ; mil désordre que je ne sçay pas encor. Au reste, je croy que tout est perdu, attendu qu’il ne treuve aulcune résistance partout, sy non celle que je leur ay fait. De plus je ne scés à quoy panse nos gouverneurs de ainsy abandonné le peys. Pour ces deux compagnies qui sont à Jussey, elle n’ont nullement paru, ny ne font aulqu’un ombrage dans la campagne.

Sur ce vous baisant les mains et me recommandant à vous, je suis comme aussy à ma mère, votre très obéissant fils.

J.F. DE W. MAGNY