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où il ne trouva que des remparts écroulés, l’église et le prieuré encore debout, avec quelques autres édifices, et une vingtaine de familles, y compris les officiers de la seigneurie, logés dans les ruines du château. Ses quartiers s’étendaient jusqu’à Châtillon, dont la désolation n’était pas moins navrante. Saccagée, brûlée et démantelée par les Suédois et les Français depuis 1635, cette ville n’offrait alors que des monceaux de pierres et quelques rares habitants mal abrités dans les ruines des édifices. L’herbe, les buissons, les arbres même, encombraient les rues ; l’église, dévalisée, à moitié découverte et sans clocher, menaçait de s’écrouler ; le pont de l’Appance était rompu, celui de la Saône croulant, les terres en friche, les prés en broussailles et les forêts dévastées ; à peine trois journaux de vigne se trouvaient cultivés dans un vignoble qui produisait jadis deux mille pièces de vin[1]. La Fauche quitta ce malheureux pays le 24 avril, et il entra dans le Bassigny par Bourbonne, qui fut saccagé. Jamais les Langrois n’eurent si peur. Exilée en Berry, absorbée par la guerre de la Fronde, la cour laissait les provinces sans secours ; les villes menacées furent donc obligées de se défendre seules. Leur premier recours fut à Dieu. A Langres, le saint Sacrement fut exposé deux jours durant, dans chacune des onze églises, pendant que le maïeur et les échevins faisaient célébrer neuf messes devant les reliques de saint Didier. En même temps bourgeois, domestiques, écoliers, garçons de boutique, tous les citoyens valides, prenaient les armes, et l’on eut

  1. Archives de Châtillon N° 1,