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un charme de sorcier, pour tenir ainsi contre la mort. « Non, dit-il ; mais vous ne pourrez me tuer qu’après m’avoir fait confesser. » On lui amène le sieur Mathey, curé de Pressigny ; il se confesse très dévotement, et il expire. Les assistants, étonnés, l’ayant déshabillé pour savoir la vérité, lui trouvèrent un scapulaire et un chapelet, et reconnurent qu’il avait mérité, par ces signes pieux, la protection de la très sainte Vierge, pour obtenir la grâce d’une bonne mort[1].

Cependant les années de la Mothe étaient comptées, et sa vie de gloire militaire allait finir, comme celle de Jonvelle avait fini. Les populations de Champagne et de Bourgogne appelaient à grands cris le secours de la force publique contre ce nid d’aigle, bicoque insolente qui les bravait depuis vingt-deux ans, sur le sommet aérien de sa montagne. Aussitôt que le gouvernement de Mazarin fut un peu remis de ses premières secousses, tournant enfin son attention de ce côté, il fit investir la Mothe en plein hiver (13 décembre 1644). C’était le quatrième siège de cette place depuis 1634. Langres fournit aux batteries son gros canon de cinquante livres de balle, et le mortier bisontin que Grancey avait capturé à la journée de Ray. Néanmoins la forteresse tint bon jusqu’au premier juillet ; et quand elle eut capitulé, on chanta le Te Deum dans toutes les églises du diocèse de Langres, avec autant d’allégresse que pour les victoires de Turenne et de Condé sur les Espagnols et les impériaux. La Mothe fut rasée de fond en comble : depuis longtemps

  1. Macheret, fol. 66, verso, et 134.