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en apporter nouvelle à Vesoul. Le P. Simon, l’un d’entre eux, se glissa dans l’armée, à Chauvirey, sous prétexte d’y voir ses deux confrères, et il pénétra même jusqu’au comte de Grancey. La conversation étant tombée sur Vesoul : « Faites savoir à cette ville, dit le général, que si elle ne me trouve six mille pistoles d’ici à huit jours, lundi prochain elle servira de curée à mes soldats et j’y planterai garnison. » Le rusé capucin répondit hardiment : « Général, vous ne gagnerez là que des coups ; car vous n’y trouverez que des gens ruinés par 300,000 francs de contributions fournies à notre souverain. N’ayant plus rien à perdre, ils s’apprêtent à se battre comme des lions et à vendre chèrement leur vie, plutôt que de trahir Sa Majesté et de subir une garnison de ses ennemis - Eh bien ! répliqua Grancey, mettons la rançon à dix mille écus, et signifiez-leur de traiter avec moi avant que mon canon ne passe la Saône ; car alors l’honneur des armées du roi me défendra de les recevoir. » En même temps il écrivit de sa main ce menaçant ultimatum, que le P. Simon porta le même jour à Vesoul (24 septembre). La nouvelle fut donnée immédiatement, dans une assemblée solennelle convoquée sur la place. Une immense clameur de désespoir accueille cette lecture, et chacun se prépare à fuir. Pourtant le P. Simon, aidé du P. Chrysostôme, gardien des capucins de la ville, arrêta la panique générale et remit un peu d’espérance au cœur des Vésuliens. A la prière du magistrat, les deux religieux partirent le soir même, avec deux bourgeois chargés de prendre langue de l’ennemi et d’en obtenir la meilleure composition possible. Ils vont ensemble coucher à Rupt, où s’arrêtent