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pistoles, ou bien la place y sautera dans les flammes. » Il donna la même commission à Lévigny, commandant de Senoncourt, accouru comme Villard pour demander merci au vainqueur. Du reste, on avait reçu des avis non moins sinistres de Vauvillers, de Rupt, même de France et de Lorraine : « Le torrent ne s’arrêtera point à Jonvelle, mandait-on de toutes parts : il va déborder jusqu’à vous ; il est temps de penser à votre salut. » Appelé à grands cris par les Vésuliens effrayés, le gouverneur de la province était venu les visiter la semaine précédente, mais sans pouvoir leur donner d’autres secours que de stériles encouragements et d’impuissantes consolations, vu qu’il était sans hommes et sans argent. Aussi les habitants, incapables de se défendre dans leurs mauvaises murailles, et déjà réduits à un bien petit nombre par les malheurs précédents, étaient résolus à vider la place, comme on avait fait ailleurs, pour se réfugier dans les bois ou à Besançon. A la prière du mayeur, Saint-Martin mit une escorte à la disposition de ceux qui voudraient prendre cette dernière direction ; car, lâcheté pour lâcheté, ce brave général préférait encore la couardise de la fuite à l’infamie d’une composition. En conséquence, il fit commandement au sieur de Mandre d’envoyer quelques cavaliers de sa garnison de Besançon jusqu’à Sorans, à la rencontre des émigrants. Mais une fois que le gouverneur eut tourné bride, on abandonna cette résolution pour tendre les mains à la neutralité, que les Français vendaient plus ou moins cher à qui la voulait subir.

Après la prise de Jonvelle, les capucins de Jussey avaient reçu ordre d’observer la marche de l’ennemi et d’