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jointes et les yeux fermés. » Baufremont communiqua cette sommation, moitié courtoise et moitié insolente, au marquis de Saint-Martin, gouverneur du Comté, en lui demandant ce qu’il en pensait. Celui-ci répondit avec humeur, croyant à une lâche hésitation de sa part. « Non, non, Monsieur, reprit vivement le baron, je ne vous demande pas si je dois accepter la proposition qui m’est faite ; oh ! je la repousse de toute l’énergie de mon patriotisme. Je perdrai mon château dans les flammes, je donnerai mon dernier écu, la derrière goutte de mon sang, plutôt que d’échapper jamais un seul mot contraire au service de Sa Majesté. Mais je demande en quelle forme je dois répondre à cette lettre, pour éviter, s’il se peut, l’incendie de la seule maison qui me reste, car les Français m’ont déjà brûlé toutes les autres. » Le marquis lui conseilla de répondre aux généraux ennemis, tout en les remerciant de leur courtoisie, qu’il ne pouvait rien traiter sans la permission de son roi, ni eux-mêmes lui assurer la conservation de Scey sans autorisation de leur souverain, et qu’il fallait prendre du temps pour se mettre ainsi en mesure de part et d’autre. Du Hallier et ses collègues trouvèrent que Bauffremont parlait en homme habile et en homme de bien[1].

L’ennemi était aux portes de Vesoul. Plus menacée que tout le reste du bailliage, cette ville était dans une angoisse inexprimable. Dès Jonvelle, Grancey avait dit au chanoine Villard : « Annoncez à vos compatriotes que j’arrive sur eux et qu’ils aient à me préparer cinq mille

  1. Girardot, Guerre de dix ans, p.267 et 268, et sa lettre à la cour, Preuves. 16 octobre 1641.