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eux leur copieux butin[1]. Hélas ! Faut-il ajouter, pour dernier trait à ce tableau de désolation, que le brigandage sans merci des alliés n’était que trop souvent imité par les troupes nationales[2] ? En un mot, l’effroi causé par les gens d’armes, quel que fût leur drapeau, fit abandonner les villages ; les champs ne furent point semés, et le pays marcha rapidement à une ruine complète. Il offrait ce lugubre spectacle, lorsque Girardot traversa le bailliage d’Amont à la mi-juin : « C’estoit chose bien triste, dit-il, de veoir les villages tellement déserts, que l’herbe avait crû par toutes les rues[3]. » Tel était donc pour notre malheureuse patrie le fruit de la politique de Richelieu. La maison d’Autriche n’était pas encore humiliée, comme il l’avait arrêté dans les inflexibles résolutions de sa pensée de fer, pour la gloire de son maître et pour les intérêts de son pays ; mais déjà les fiers héritiers de Charles-Quint voyaient la plus dévouée de leurs provinces expier cruellement son antique et inaltérable fidélité à César ; déjà le Comté de Bourgogne était, sinon conquis et tout à fait écrasé, du moins frappé au cœur et à peu près ruiné. Malheur, trois fois malheur aux contrées qui, se trouvant l’enjeu des ambitions princières et des jalousies de nations, deviennent ainsi le théâtre de la guerre, de ses

  1. Ibid., Gray, 8 et 17 juin ; les officiers du roi à la cour, au sujet de cette affaire.
  2. Ibid. Voir diverses dépêches dans les derniers mois de 1636. L’année suivante, le conseiller Buson écrivait à la Cour : « Les trouppes que l’on peut lever ne grossissent qu’en canailles, en garses et en bagages. Du train qu’ils mènent, les Allemands n’estoient que des agneaux, et ceuxci des loups. » (804, Besançon, 31 août.)
  3. Girardot, p. 170 et 212