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ce pauvre village, depuis mon retour de Saint-Jean-de-Losne, en est pour plus de vingt-cinq mille escus, dont il n’en est pas allé deux mille à la soldatesque. Je me suis plainct de ces désordres à M. le marquis de Toreguso ; mais, à mon advis, il est peu disposé à apporter du remède à choses semblables. Il est grand économe, et il ne treuve pas mauvais que ses subordonnés fassent tout pour avoir de l’argent[1]. »

Telle était partout la conduite des garnisons impériales et royales. Dans les communautés que le désespoir enhardit à la résistance, il en coûta l’incendie général, les derniers outrages aux femmes et l’égorgement des enfants. Et pourtant les plaintes les plus vives arrivaient de Vienne sur les mauvais traitements éprouvés par ces troupes, quelques efforts que fit don Gabriel de Tolédo, ambassadeur d’Espagne au Comté, pour instruire l’empereur de la vérité, en soutenant la province et en accusant les Allemands : son dévouement pour nous n’aboutit qu’à les irriter encore davantage contre la province, à les ameuter contre lui-même et à lui faire le plus mauvais parti en cour impériale[2]. Du reste, les Lorrains n’étaient pas moins débordés. La terre de Ray avait en quartiers trois de leurs compagnies de dragons, avec un régiment royal : leur première opération fut le saccagement du bourg, ensuite le siège du château, que cependant ils ne purent forcer[3]. Les mêmes dévastations

  1. Corr. du parlem., B, 794 ; Cléron, 27 janvier 1687.
  2. Ibid., 798, Vienne, 16 mars, lettre de Castagneda à la cour ; 804, Besançon, 16 et 31 août, Buson à la cour.
  3. Launoy, son commandant, ajoute dans son rapport : « La terre de Ray a fourni l’an dernier 3,000 mesures de bled pour les trouppes ; elle a logé trois régiments pendant six semaines ; le duc de Lorraine y a passé trois fois, et la dernière fois avec presque toute son armée. Le baron de Clinchant y avoit son régiment, il y a quelques semaines : les sujets de la terre, ne pouvant le nourrir, se sont imposé des sacrifices énormes d’argent pour le faire sortir. Il n’y reste plus que le tiers des habitants. » (B, 794, Ray, 28 janvier.)