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pas moins pour Jonvelle, dont la bonne assiette, demeurée jusqu’alors invulnérable, comme celle de Champlitte, au milieu de la désolation générale des alentours, lui inspirait seule assez de confiance sur cette frontière menacée[1]. Pour le contenter, la cour signifiait commandements sur commandements aux soldats débandés depuis le siège de Dole ; mais ses ordres étaient lentement obéis. On activa cependant quelque peu les retardataires, en signifiant, sous peine de mort, à tous ceux qui avaient reçu chevaux, armes ou argent, de rejoindre les drapeaux dans la huitaine, à l’un des douze quartiers désignés[2]. Pour sa part, le bailliage d’Amont fit des sacrifices désespérés, et s’arracha les entrailles pour fournir les hommes et les vivres demandés[3]. De Ray à Champlitte, toutes les communautés ayant des moulins sur la Saône, le Salon, la Gourgeonne et le Vanon, furent requises de les mettre en bon état, pour moudre les grains de l’armée impériale[4]. Mais quand le blé fut arrivé dans ces moulins, les soldats le pillèrent de toutes parts, malgré la vigilance et les archers de Bresson. On ne pouvait attendre moins de gens qui avaient dévoré, sur leur passage, toute la récolte des vignobles de Purgerot, de Jussey, de Morey, de Ray, de Pierrecourt, de Champlitte et des alentours. Ils se plaignaient tous les jours, à grands cris, de ne pas recevoir les rations et la solde promises ; mais Bresson démontrait, contre les plaignants, que le pain, la viande et le vin ne leur

  1. Gray, 17 septembre, Brun à la cour, aux Preuves.
  2. La Charité, 4 octobre, le marquis de Conflans à la cour.
  3. Dépêches du 19 septembre au 1er octobre et jours suivants.
  4. Gray, 25 septembre, mandement des conseillers Matherot et Brun.