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Il est vrai, le fournisseur Bresson ne leur faisait pas défaut[1] ; mais ce qu’il fallait acheter leur était vendu à un prix exorbitant, qui les poussait naturellement aux violences et qui semblait les y autoriser, tellement que la cour fut obligée de pourvoir à une taxe plus raisonnable[2]. Elle gémissait d’ailleurs avec le pays sur les déportements des étrangers, s’apitoyait timidement sur le sort des victimes, hasardait même d’humbles remontrances et supplications à Gallass ; mais ses lettres au roi de Hongrie ou à l’infant ne renfermaient que des éloges au sujet du général ; tant on craignait de blesser et de mécontenter ceux en qui reposait tout l’espoir de la patrie[3]. Plus tard, l’excès du mal fit bien

  1. « Pour de l’avoienne, ils en trouvent tout ce qu’ils veuillent et la prodiguent, ainsi que les gerbes de froment, en sorte qu’ils en font litières à leurs chevaulx. Et fault adiouster que où ils logent, qu’ils ne trouvent leur hoste pour les servir, ils perdent tout ce qu’ils rencontrent. » (Preuves, 13 septembre, lettre de Bresson.)
  2. Ibid., Besançon, il septembre, les conseillers Boitouset, Buzon, Lampinet et Lulier à la cour. Le baron de Scey se plaint lui-même de cette cherté outrée - « Tout m’a esté si cher, écrit-il à la cour, que pour un jour et une nuict que j’ay séjourné à Vesoul, l’on m’a faiet payer quinze pistoles ; ainsi à l’advenant aux aultres lieux où j’ay passé. » (Preuves, 16 septembre.)
  3. Ibid., 14 et 23 septembre et passim. « Je prévoy que ceste province ne peut éviter de grands maux, et pour détourner une désolation universelle, n’y a d’autre remède que de se résouldre à une foule volontaire et ruine d’une partie plustôt que du tout. » Ainsi pensait Girardot, le 4 septembre. (Aux Preuves.) Mais les événements lui apprirent bientôt à mieux connaître les intentions de Gallass. Matherot et Brun auraient voulu moins de compliments et plus de sincérité dans les lettres de la cour à Gallass et aux princes. (Gray, 21 septembre.) On leur répond : « On pourra dresser des mémoires de ce qu’a fait M. de Lamboy ; mais nous n’en attendons pas grand fruit. Et vous voyez que M. le marquis de Castaneda (ambassadeur d’Espagne à Vienne) vous escrit qu’il faut dissimuler les plainctes qui n’ont pas suffisantes probabilités ny considération, parce qu’elles discréditeraient les grandes, auprès de gens qui ont veu des oppressions mille fois plus criantes, et n’y ont pu apporter aucuns remède. » ( 23 septembre, la cour aux conseillers Matherot et Brun.)