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de contenir son monde, dans cette conduite de ménagements que le roi de Hongrie et le cardinal infant lui avaient si expressément prescrite en faveur de la province : dès son arrivée sur la Saône, tout le pays traversé ne fut plus qu’une libre curée pour cette immense multitude. Il n’en pouvait pas être autrement avec une armée sans solde, avec des gens que la seule avidité du butin attirait et retenait sous les enseignes. En effet, les souverains allemands n’ayant pas moyen de payer des armées si nombreuses, leur entretien se prenait en campagne, sur le territoire ami comme sur celui des ennemis. Pour trouver des vivres, la soldatesque courait donc le pays par grosses parties commandées, enlevant de gré ou de force tout ce qu’elles trouvaient à leur convenance, brûlant les villages et les petites villes qui résistaient, traquant les bois, forçant les châteaux et les maisons fortes, mettant les habitants à la torture, soit pour leur extorquer des rançons, s’ils étaient de condition aisée, soit pour obtenir la révélation des richesses cachées, s’ils n’étaient que de pauvres misérables. Le profit de ces rapines maraudeuses était apporté aux chefs, qui en laissaient une partie au menu soldat, et gardaient le reste pour fournir à leurs tables somptueuses, à leurs habits luxueux, à leurs magnifiques équipages[1]. Dès le 6 septembre, la cour de Dole était informée des excès commis par les alliés, qui, parcourant nos contrées en bandes de trente, quarante ou cinquante, pillaient, brûlaient, tuaient, violaient, comme ils eussent fait en pays ennemi[2].

  1. Girardot, p. 150
  2. Corr. du parlem., B, 887 ; les conseillers Boitouset, Buzon, Lampinet et Lulier à la cour, Besançon, 16 septembre.