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et sans autorisation légale. Ou bien, quand le terrible fléau faisait invasion dans une demeure, les malades étaient consignés et la maison barrée, c’est-à dire marquée en noir d’une croix sinistre et douloureusement significative[1].

En même temps la frontière était infestée de partisans de toute espèce, bandits, pillards et assassins, qui, par leurs courses en pays français, attiraient au Comté les plus désolantes représailles. Les officiers de Vesoul en écrivaient en ces termes aux gouverneurs «  Messeigneurs, nous sommes obligés de reservir Vos Seigneuries que l’on commet un grand nombre de meurtres et de voleries, du costé de Jonvelle, Jussey, Charlieu et autres limitrophes, où l’on trouve tous les jours des corps morts, et où les païsans voient souvent des robbeurs, en troupes de six, huict et même douze, embusqués sur les passages. Ils se retirent quelquefois dans les granges du voisinage de Charlieu. Quoiqu’ils déclarent en vouloir aux étrangers plustôt qu’à ceux du pais, néanmoins personne n’ose circuler aux environs de Jonvelle et de Jussey. Les pauvres laboureurs appréhendent de se mettre aux champs, avec leurs chevaux, pour les semailles prochaines[2]. »

Cependant les projets hostiles de la France se révélaient de jour on jour plus manifestes. Le parlement, qui redoutait en particulier une surprise de Jonvelle, écrivit au gouverneur (20 février), alors en son château de Chauvirey, de se rendre de suite à son poste, de munir la place[3]

  1. Ibid., 775, les officiers de Vesoul au parlement, 5 février.
  2. Aux Preuves, 12 février 1636
  3. « Comme les ruynes du chasteau sont sans musnitions, faîtes musnir. Vous donnerez ordre de incontinent boucher la porte des champs (nord), jusques à ce que le danger soit passé. » (Lettre de la cour à M. d’Aboncourt, 12 février 1636 ; Corr. du parlem., B, 778.) A cette époque le château n’avait plus qu’une de ses quatre tours en passable état de conservation.