Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

à la neutralité. Le sieur de la Lane, lieutenant du colonel Gassion, s’étant présenté avec une escorte de dix cavaliers pour signifier à Fauquier la demande impérieuse de son général, les réfugiés lorrains tombèrent sur eux, d ’abord au milieu de Jonvelle, où ils blessèrent le sieur de Mitry, puis dans leur retraite. Ce minime incident prit aussitôt les proportions d’une grosse affaire. Le maréchal demanda satisfaction au parlement, avec menaces de la tirer lui-même en cas de refus. La cour s’empressa de faire ses excuses, promit tout ce qu’on voulait, et donna ordre à Fauquier de mettre les coupables à la disposition du général français et d’expulser tous les étrangers de la frontière. En ceci, du reste, Aboncourt ne demandait pas mieux que d’obéir au parlement, à qui, depuis longtemps, il s’était plaint lui même, plus fort que personne, de l’embarras et des désordres causés par ces partisans étrangers. Quant au blessé Mitry, plus de trente lettres furent échangées pour cette affaire, qui ne fut arrangée que dans les premiers jours de mars 1636[1].

L’ennemi était donc à nos portes, prêt à saisir tout prétexte pour les forcer. Mais déjà dès l’année précédente, la peste, succédant à la famine, ravageait le pays ainsi que les provinces voisines. En automne, Jonvelle et sa terre avaient perdu le tiers de leurs habitants. Les malades étaient généralement parqués sous des baraques, hors des villes et des villages, et nul, après avoir été suspecté de contagion, ne pouvait y rentrer sans quarantaine

  1. Corresp. du parlem., B, 778, 779 et 780. Voir aux Preuves, février et mars 1686.