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réservées pour la garnison de cette place[1].

Le comte de Champlitte quitta Jonvelle les jours suivants, en y laissant son lieutenant, le sieur de Rye, avec ordre de faire tenir ses commandements à leur adresse. Mais celui-ci, aussi négligent que son chef dans une mesure qui demandait tant de célérité, ne fit partir les circulaires que le 2 novembre, dix jours après leur date. Leur exécution fut dirigée avec la même incurie : elles restèrent lettres mortes, comme tous les actes administratifs du gouverneur ; ou du moins, malgré les vivres fournis, les compagnies continuèrent de plus belle leurs excès demeurés impunis.

Pendant l’hiver suivant, la restitution du canon français resté à Jonvelle avait été réglée entre les deux puissances. Néanmoins Biron ne l’avait pas encore reçu à la fin d’avril (1596), et il menaçait la Franche-Comté de ses armes, si on ne lui faisait pas justice sur ce point, si on ne lui rendait pas Seurre, et si on l’empêchait de tirer des munitions de la province. On savait au reste que la guerre était dans sa pensée ; de plus, on n’ignorait pas que le roi de France y était poussé par son conseil[2]. Les vrais patriotes étaient donc vivement alarmés surtout quand ils considéraient que le pays, désolé par la famine, se trouvait sans argent et sans provisions, comme il était sans discipline ; quand ils voyaient que les troupes étrangères, appelées pour le défendre voire même les compagnies indigènes, ne songeaient qu’au pillage, et que le gouverneur lui-même semblait devenu le

  1. Corresp. du parlem., ibid.
  2. Mém. de Champagney, V. lettre à du Faing, 30 avril 1596.